ESPRIT DE L’OPUS DEI

1. Caractéristiques spécifiques de l’esprit de l’Opus Dei. 2. Sanctification dans l’exercice du travail professionnel et dans les circonstances de la vie ordinaire. 3. Travail et contemplation. 4. Formation doctrinale et spirituelle. 5. Pratique des vertus chrétiennes. 6. Au service de la mission de l’Église.

Introduction
1. Caractéristiques spécifiques de l’esprit de l’Opus Dei.
2. Sanctification dans l’exercice du travail professionnel et dans les circonstances de la vie ordinaire.

3. Travail et contemplation.

4. Formation doctrinale et spirituelle.

5. Pratique des vertus chrétiennes.

6. Au service de la mission de l’Église.

L'Opus Dei (littéralement « Œuvre de Dieu ») est un phénomène pastoral, théologique et juridique suscité par Dieu au sein de l'Église, afin de rappeler à tous les fidèles l'appel universel à la sainteté et à l'apostolat que Jésus-Christ a proclamé dans l'Évangile, et faciliter sa mise en œuvre effective dans les circonstances de la vie ordinaire. Son nom complet est « Prélature de la Sainte Croix et Opus Dei », bien qu'il soit aussi appelé de manière brève Opus Dei.

Saint Josémaria a « vu » l'Opus Dei – avec tout son contenu spirituel et théologique – le 2 octobre 1928, bien qu'il ait progressivement mis en œuvre la volonté divine. Ainsi, il a également considéré comme dates fondationnelles le 14 février 1930, quand le Seigneur lui fit comprendre que les femmes aussi avaient leur place dans l'Œuvre, et le 14 février 1943, quand, lors de la célébration eucharistique, il reçut la lumière qui devait permettre l'ordination sacerdotale des membres de l’Œuvre au service des apostolats spécifiques de l'Opus Dei et de toutes les âmes. Le 28 novembre 1982, jour où le pape Jean-Paul II a institué l'Opus Dei en tant que prélature personnelle (Const. Ap. Ut Sit) constitue également une date clé dans l'histoire de cette institution, sanctionnant par là son appartenance à la structure juridictionnelle ordinaire de l'Église et la dotant de statuts propres, selon les décisions du Concile Vatican II (PO, 10) et conformément aux demandes de saint Josémaria au Saint-Siège, maintes fois manifestées au fil des ans.

Dans les lignes suivantes, nous aborderons les caractéristiques spécifiques de l'esprit de l'Opus Dei, avec une référence particulière au vif sens de la filiation divine qui l'anime, à la sanctification dans l'exercice du travail professionnel et dans les circonstances de la vie ordinaire, à la contemplation au milieu des activités séculières. D'autres sections seront consacrées au travail de formation et à la pratique des vertus chrétiennes, pour terminer en montrant comment l'activité de la Prélature et de ses fidèles est orientée au service de la mission de l'Église.

1. Spécificités de l'esprit de l'Opus Dei

La physionomie spirituelle de l'Opus Dei se caractérise par l'union intime de l'aspect ascétique avec l'aspect apostolique, à leur tour harmonieusement fusionnés et imprégnés du caractère séculier de l'Œuvre et de la condition également séculière de ses fidèles. Cela signifie que l'Opus Dei n'est pas un maillon de plus dans la longue chaîne des spiritualités religieuses suscitées dans l'Église à travers les siècles. Le phénomène pastoral de l'Opus Dei « naît d'en bas, c'est-à-dire du sein de la vie ordinaire du chrétien qui vit et travaille à côté des autres hommes (...). Ce n'est pas le dernier stade du rapprochement des religieux avec le monde » (Entretiens 62). De par son origine, sa mission et ses caractéristiques particulières, c'est un phénomène nouveau et original promu par l'Esprit Saint, dont l'antécédent le plus clair se trouve dans la vie des premiers chrétiens, qui « vivaient à fond leur vocation chrétienne ; ils recherchaient sérieusement la sainteté à laquelle ils étaient appelés par le fait, simple et sublime, du baptême » ; et « ils ne se distinguaient pas extérieurement des autres citoyens » (Entretiens 24).

L'esprit de l'Opus Dei nous pousse à considérer que le fondement de la vie chrétienne est la filiation divine, « une vérité joyeuse qui fonde toute notre vie spirituelle, qui remplit d'espérance notre lutte intérieure et nos tâches apostoliques ; qui nous apprend à connaître, à fréquenter, à aimer Dieu notre Père avec la simplicité confiante des enfants. De plus, précisément parce que nous sommes enfants de Dieu, cette réalité nous amène aussi à contempler, avec amour et admiration, tout ce qui est sorti des mains de Dieu le Père Créateur (...). Le Seigneur nous appelle à L'imiter comme ses enfants les plus chers - estote ergo imitatores Dei, sicut filii carissimi (Eph 5, 1), cherchez à imiter Dieu, puisque vous êtes ses enfants bien-aimés - à collaborer humblement et avec ferveur au dessein divin d'unir ce qui est rompu, de sauver ce qui est perdu, d'ordonner ce que l'homme a dérangé, de mettre fin à ce qui ne va pas : de rétablir la concorde divine de tout ce qui est créé » (Lettre 11-III-1940, n. 2 : AGP, série A. 3, 91-6-1).

Saint Josémaria a toujours commenté que la filiation divine se traduit par un désir ardent et sincère, tendre et profond à la fois, d'imiter Jésus-Christ, en étant dociles aux impulsions de l'Esprit Saint, et de toujours rechercher la présence de Dieu. Et il n'avait de cesse de répéter que l'esprit de l'Opus Dei conduit concrètement à l'unité de vie que doivent pratiquer les fidèles - laïcs et prêtres - qui composent la Prélature. Cette unité de vie crée dans leurs âmes le besoin et comme « l'instinct surnaturel de purifier toutes les actions, de les élever à l'ordre de la grâce et d'en faire un instrument d'apostolat » (Lettre 2-II-1945, n. 12 : AGP, série A.3, 92-3-1). « Nous, chrétiens, nous n'admettons pas de double vie, nous maintenons dans notre vie une unité simple et forte, dans laquelle se fondent et se mêlent toutes nos actions » (QCP 126).

D'autres traits qui complètent cette physionomie spirituelle sont : une piété doctrinale fondée sur l'étude de la doctrine catholique et nourrie d'exercices personnels de prière, de mortification et de pénitence ; une tendre dévotion à la Vierge Marie, à Saint Joseph, aux Anges gardiens, à l'Église et au Pape ; et un désir intérieur qui conduit à servir toutes les âmes sans exception, dans un authentique respect de la légitime liberté d'autrui. Dans l'esprit de l’Œuvre, la Sainte Messe occupe une place privilégiée, comme « centre et racine » de la vie spirituelle du chrétien, comme saint Josémaria l'a toujours enseigné et comme le Concile Vatican II l’a proposé à tous les fidèles (cf. SC, 10 ; voir PO, 5).

2. Sanctification dans l'exercice du travail professionnel et dans les circonstances ordinaires de la vie

Fondé sur la filiation divine dans le Christ, l'esprit de l'Opus Dei trouve son axe dans la sanctification des réalités quotidiennes, séculières, de l'existence humaine. D’où la phrase emblématique du fondateur : « il s'agit de sanctifier le travail ordinaire, de se sanctifier dans cette tâche et de sanctifier les autres dans l'exercice de sa profession, chacun dans son état » (QCP 122).

Sanctifier le travail exige d'abord de le faire avec toute la perfection humaine possible, pour en faire une offrande à Dieu. C'est pourquoi une bonne préparation professionnelle est nécessaire – la meilleure que chacun puisse réaliser –, basée sur l'étude et la persévérance dans cette tâche. Mais il ne suffit pas de rechercher la perfection humaine du travail : il doit être exécuté avec une intention droite ; non seulement ou principalement pour obtenir des moyens financiers ou pour affirmer sa propre personnalité, mais surtout pour rendre gloire à Dieu, en collaborant avec Lui pour porter l'œuvre de la création à sa perfection ultime (cf. Gn 2, 15). Pour cette raison, les fidèles de l'Opus Dei se consacrent à n'importe quelle occupation honnête, car toutes les occupations professionnelles honnêtes peuvent et doivent être sanctifiées ; même celles qui, aux yeux de beaucoup, semblent sans importance : « tout travail digne et noble dans l'ordre humain, a affirmé à plusieurs reprises saint Josémaria, peut être transformé en tâche divine. Au service de Dieu, il n'y a pas d'emplois de petite catégorie : ils sont tous d'une grande importance » (Entretiens 55).

Se sanctifier dans l'exercice du travail nécessite d'imprégner la tâche professionnelle d'un sens chrétien, en la mettant en relation avec la mission rédemptrice du Christ qui pendant de nombreuses années a travaillé dans l'atelier de Nazareth et y opérait déjà la rédemption du genre humain. Cela demande de découvrir, dans les différentes tâches, des occasions d'aimer Dieu et de servir le prochain ; de vraiment transformer la journée en une arène où s'exercent les vertus humaines et chrétiennes, sous la direction de l'Esprit Saint.

Sanctifier les autres à l'occasion du travail, c'est profiter des relations de travail, de voisinage, d'amitié, etc., pour essayer de rapprocher de Dieu les âmes des parents, des amis et des collègues. Surtout avec la prière et le témoignage d'une conduite pleinement conforme à la foi chrétienne ; et ensuite, ou en même temps, par la parole appropriée, qui - avec un respect exquis pour la liberté des âmes - devient le véhicule par lequel l'invitation de Jésus-Christ à être parfait comme notre Père céleste est parfait atteint les autres. (Cf. Mt 5, 48).

3. Travail et contemplation

En considérant la tâche professionnelle comme la matière première de la sanctification personnelle et comme l'instrument principal de l'apostolat, l'esprit de l'Opus Dei souligne fortement que le chrétien qui se développe au milieu du monde ne se limite pas à dérouler une activité pour subvenir à ses propres besoins ou à ceux de sa famille, ni non plus à collaborer au bien commun de la société. « L'homme ne peut se limiter à faire des choses, à fabriquer des objets. Le travail naît de l'amour, manifeste l'amour et s'ordonne à l'amour. Nous reconnaissons Dieu, non seulement dans le spectacle que nous offre la nature, mais aussi dans l'expérience de notre travail et de notre effort. Le travail est ainsi prière, action de grâces, parce que nous savons que c'est Dieu qui nous a placés sur terre, nous savons qu'Il nous aime et que nous sommes les héritiers de ses promesses » (QCP 48).

Transformer le travail en prière, aider les chrétiens ordinaires à être des âmes contemplatives au milieu du monde, résume la finalité que le Seigneur a assignée à l'Opus Dei au sein de l'Église. « L'arme de l'Opus Dei - le fondateur l'a toujours enseigné - n'est pas le travail : c'est la prière. C'est pourquoi nous transformons le travail en prière et nous avons une âme contemplative » (Notes d'une réunion de famille, 23 avril 1959). Tout comme le corps a besoin d'air pour respirer et de circulation sanguine pour rester en vie, l'âme a aussi besoin de rester en contact avec Dieu pendant les vingt-quatre heures de la journée.

Dans l'esprit de l'Opus Dei, la piété nous pousse à tout rapporter au Seigneur : les occupations professionnelles et le repos, les joies et les peines, les réussites et les échecs, le sommeil et la veille. Pour atteindre cet objectif, en plus de l'aide de la grâce, il faut un effort personnel constant, optimiste, plein d’abnégation, qui prend souvent la forme de petits détails : réciter une oraison jaculatoire ou une courte prière vocale en profitant des pauses dans sa tâche ; regarder avec tendresse le Crucifix ou une image de la Vierge ; renouveler encore et encore l'intention apostolique, etc. Tout cela contribue à maintenir dans l'âme une orientation de fond vers le Seigneur, qu'il faut quotidiennement intensifier dans la Messe et dans les moments expressément dédiés à la méditation. Ainsi, bien que le travail soit très absorbant et demande la pleine attention de toutes les facultés intellectuelles, l'âme reste fixée sur le Seigneur et entretient avec Lui un dialogue qui n'est pas seulement composé de paroles, ou de pensées conscientes, mais de don du cœur, sincère et fort, de désirs d'accomplir chaque activité, le plus souvent possible – ​​y compris le repos –, par amour et avec amour.

Avec ce parcours, l'esprit de l'Opus Dei incite à acquérir un comportement de femmes et d'hommes pratiquement contemplatifs au milieu du monde. « Ascétique ? Mystique ? Je ne saurais le dire. Que ce soit de l’ascétique ou de la mystique, qu’est-ce que cela peut bien faire ? C’est une faveur de Dieu. Si tu t’efforces de méditer, le Seigneur ne te refusera pas son assistance. Foi et œuvres de foi : des œuvres, parce que le Seigneur (...) est de plus en plus exigeant. C’est déjà de la contemplation et c’est l’union : telle doit être la vie de beaucoup de chrétiens, bien qu’ils ne s’en soient même pas rendus compte » (AD 308).

4. Formation doctrinale et spirituelle

Saint Josémaria a souvent souligné que l'esprit de l'Opus Dei nous encourage à vivre avec une « piété d'enfants » et une « doctrine de théologiens ». Le chrétien doit se savoir enfant devant Dieu et manifester cette réalité avec une simplicité filiale dans des détails d'amour et d'affection, et en même temps être conscient de l'importance de l'intelligence dans la vie du chrétien, la mettant en exercice pour bien connaitre ce que Dieu dans sa révélation nous a fait connaître de Lui-même, pour affronter en connaissance de cause et de manière responsable notre tâche dans la société.

Pour atteindre cet objectif, avec la grâce de Dieu, la Prélature offre aux fidèles de l'Opus Dei, et à ceux qui le souhaitent également, une formation approfondie dans cinq aspects mis en évidence par saint Josémaria : humain, spirituel, doctrinal-religieux, apostolique et professionnel. En toute vérité, on peut affirmer que l'activité de la Prélature se résume à donner cette formation profonde (cf. Entretiens 19 et 27), en utilisant les moyens les plus appropriés pour ceux qui vivent et travaillent au milieu des réalités séculières, en consacrant à tous le temps et la manière appropriée, selon les circonstances et les besoins de chacun. Selon les mots du fondateur, « L'Opus Dei n'est rien d'autre qu'une grande catéchèse chrétienne » (Entrevue à ABC, Madrid, 24 mars 1971).

La formation est nécessaire pour mieux connaître Dieu et Le traiter comme des enfants bien-aimés, pour s'identifier à Jésus-Christ ; et aussi pour donner aux multiples questions que pose l'activité professionnelle aux chrétiens qui sont au milieu du monde, une réponse conforme aux enseignements de l'Église, et pour imprégner toute activité - familiale, sociale, professionnelle - de l'esprit de l'Évangile. Cette formation est aussi requise pour conduire les âmes au Christ et orienter les lois civiles et les structures de la société séculière vers Dieu. « Capitalise dans ta formation, meuble ton esprit d’idées claires, de la plénitude du message chrétien, que tu pourras ensuite transmettre à d’autres » (F 841).

Le travail de formation, insistait saint Josémaria - tout en pratiquant personnellement cet enseignement - ne s'arrête jamais ; il dure jusqu'au dernier moment de la vie. Pour cette raison, il a toujours encouragé les gens à participer aux moyens de formation « avec l'enthousiasme de la première fois » ; avec le désir, non seulement d'apprendre, mais de mettre en pratique ce qu'ils ont appris, en l'assimilant jour après jour jusqu'à ce que cela devienne la substance de leur propre existence. Pour y parvenir, il faut l’effort personnel, l'étude, maintenir à jour les connaissances acquises – dans le domaine culturel, spirituel, professionnel, etc. –, en essayant de les améliorer. « N’attends pas de Dieu des illuminations, car Il n’a aucune raison de te les communiquer, alors que tu disposes de moyens humains bien concrets : l’étude, le travail » (F 841). Dans cet effort pour perfectionner notre propre formation, saint Josémaria ne se contentait pas de la médiocrité : « Celui qui peut être savant, nous ne lui pardonnons pas de ne pas le devenir » (C 332).

5. Pratique des vertus chrétiennes

L'esprit de l'Opus Dei encourage la pratique fidèle de toutes les vertus chrétiennes, car avec leur exercice - et avec la grâce des sacrements - s'accroît la première configuration avec le Christ reçue dans le Baptême. « Pour sanctifier cette journée, il faut mettre en œuvre de nombreuses vertus chrétiennes ; en premier lieu les vertus théologales, et ensuite toutes les autres » (QCP 23).

Saint Josémaria mettait l'accent, comme il est logique, sur la charité, essence de la sainteté, et aussi sur l'humilité, fondement sur lequel repose l'édifice de la vie surnaturelle. La charité conduit à aimer Dieu comme Il le veut : par-dessus toutes choses ; en Le cherchant activement dans les relations avec les gens, au travail et dans les grands ou petits événements de chaque jour. Elle nous encourage aussi à profiter de toutes les circonstances pour rapprocher les âmes de Dieu, faisant des diverses situations une occasion et un moyen de sanctification et d'apostolat. L'humilité nous permet de reconnaître que le bien que nous découvrons en nous vient de Dieu ; que la grandeur du chrétien consiste à être un instrument du Seigneur ; et que – selon l'enseignement paulinien – nous portons ce trésor dans des vases d'argile (2 Co 4, 7). Une humilité qui ne se limite pas à la sphère personnelle, mais se déploie aussi dans la sphère collective, puisqu'elle pousse les fidèles de l’Œuvre à se comporter comme des chrétiens ordinaires, sans faire ostentation de leur don à Dieu mais sans cacher leur appartenance à la Prélature : l'esprit de l'Opus Dei, tout en stimulant la recherche de l'humilité collective, évite le secret ou la clandestinité de la manière la plus absolue.

Dans cet esprit, la culture des vertus humaines acquiert une importance particulière : l'assiduité, l'obéissance et la docilité, la simplicité, le naturel, la sincérité, la loyauté, la chasteté, l'ordre, le détachement des choses temporelles, la sobriété, l'optimisme, la joie, la force d'âme, la noblesse, le courage, etc. Et cela pour une raison très claire : ces vertus « sont le fondement des vertus surnaturelles ; celles-ci donnent toujours un nouvel élan pour se conduire avec honnêteté » (AD 91).

« En vivant la charité — l'Amour —, on vit toutes les vertus humaines et surnaturelles du chrétien, qui forment une unité et qu'on ne saurait réduire à des énumérations exhaustives » (Entretiens 62). De plus, comme conséquence nécessaire de l'unité de vie, « la pratique de ces vertus porte à l'apostolat. Mieux encore : elle est déjà apostolat. Car, en s'efforçant de vivre ainsi au sein du travail quotidien, le chrétien, par sa conduite, donne le bon exemple, devient un témoignage, une aide concrète et efficace ; on apprend à suivre les traces du Christ » (ibidem).

6. Au service de la mission de l'Église

L'activité de l’Œuvre et de chacun de ses fidèles est ordonnée – comme chez les autres catholiques – à l'édification du Corps du Christ (cf. Ep 4,12). Le Suprême Législateur de l'Église l'a confirmé en établissant l'Opus Dei comme prélature personnelle, « pour qu'il soit un instrument valable et efficace de sa mission de salut [de l'Église] pour la vie du monde » (JEAN-PAUL II, Const. Ap. Ut sit, 28 novembre 1982).

« L’Église est faite pour étendre le règne du Christ à toute la terre, pour la gloire de Dieu le Père ; elle fait ainsi participer tous les hommes à la rédemption et au salut ; par eux elle ordonne en vérité le monde entier au Christ. On appelle apostolat toute activité du Corps mystique qui tend vers ce but : l’Église l’exerce par tous ses membres, toutefois de diverses manières » (AA, 2). Saint Josémaria fut un pionnier de cette conception de l'apostolat. Dès la fondation de l’Œuvre, il a consacré ses énergies à ce que tous les fidèles - et en particulier les fidèles laïcs - comprennent que la vocation chrétienne porte en elle, par sa nature même, le devoir de faire l'apostolat. « Nombreux sont les chrétiens qui sont convaincus que la Rédemption se réalisera dans tous les milieux du monde, et qu'il doit bien y avoir quelques âmes (ils ne savent pas lesquelles) qui contribuent, avec le Christ, à réaliser cette Rédemption. Mais ils la considèrent dans une perspective séculaire, dans des siècles et des siècles... : une éternité, s'il fallait la mener à bien au rythme de leur générosité. C'est ainsi que tu raisonnais, jusqu'à ce que l'on vienne te "réveiller" » (S 1).

Et, parmi les spécificités de l'apostolat, selon l'esprit de l'Opus Dei, se distingue la sécularité : ses membres essaient de faire connaître le Christ, de pratiquer le bien et de répandre la vérité, premièrement et principalement, parmi les personnes qui vivent dans le monde et à l’occasion d'activités et de travaux séculiers. Pour cette raison, le travail apostolique des fidèles de l'Opus Dei ne se cantonne pas à certains domaines spécifiques, mais s'enracine dans la diversité des concrétisations honnêtes de la vie même. C'est – comme l'a proclamé le fondateur – une « mer sans rivages » (Entretiens 57).

Chacun des fidèles s'acquitte de cette tâche personnellement, parmi ses proches, ses amis, ses collègues, sans avoir besoin d'aucune autorisation, car l'apostolat découle d'un mandat que le Christ confie à tous les chrétiens. Cet apostolat est basé sur l'amitié et la confidence, et il s'adresse à toutes les personnes - sans en excepter aucune - que la Providence met sur son chemin. « Ces propos glissés à point nommé dans l’oreille de l’ami qui chancelle ; cette conversation capable de l’orienter, que tu as su provoquer opportunément ; ce conseil qui améliorera son travail universitaire, et la discrète indiscrétion qui te pousse à lui suggérer des horizons insoupçonnés de générosité…, tout cela, c’est “ l’apostolat de la confidence ” » (C 973).

On peut utiliser pour résumer l'esprit de l'Opus Dei, une phrase du fondateur prononcée dans une homélie particulièrement significative, devant des milliers de personnes, en invitant les auditeurs à découvrir ce qu'il y a de divin enfoui dans les réalités les plus communes. « Lorsqu'un chrétien accomplit avec amour les actions quotidiennes les moins transcendantes, ce qu'il fait déborde de transcendance divine. Voilà pourquoi je vous ai dit, répété et ressassé inlassablement, que la vocation chrétienne consiste à convertir en alexandrins la prose de chaque jour. Sur la ligne de l'horizon, mes enfants, le ciel et le terre semblent se rejoindre. Mais non, là où ils s'unissent, en réalité, c'est dans vos cœurs, lorsque vous vivez saintement la vie ordinaire » (Entretiens 116).


Thèmes connexes : Apostolat ; Contemplatifs au milieu du monde ; Filiation divine ; Premiers chrétiens ; Sainteté ; Sécularité ; Travail, Sanctification du ; Unité de vie ; Vocation ; Vertus.

Bibliographie : Álvaro DEL PORTILLO Entretien sur le fondateur de l'Opus Dei Madrid, Rialp, 1993 ID. Une vie pour Dieu. Réflexions sur la figure de Monseigneur Josémaria Escrivá de Balaguer. Discursos, Homilías y otros escritos, Madrid, Rialp, 1992 ; Javier ECHEVARRÍA Mémoire du Bienheureux Josémaria Escriva. Entretien avec Salvador Bernal, Madrid, Rialp, 2000 ID. Itinerarios de vida cristiana, Barcelona, Planeta, 2001 ID. Por Cristo, con Él y en Él. Escritos sobre San Josemaría, Madrid, Palabra, 2007 ; AA. VV. La grandezza della vita quotidiana. Vocazione e missione del cristiano in mezzo al mondo, GVQ, I passim ; Antonio ARANDA « Le bouillonnement du sang du Christ ».Étude sur le christocentrisme du bienheureux Josémaria Escriva, Madrid, Rialp, 2000 ; Manuel BELDA - José ESCUDERO - José Luis ILLANES - Paul O'CALLAGHAN (dir.) La sainteté et le monde. Actes du colloque d'études théologiques sur les enseignements du bienheureux Josémaria Escrivá (Rome, 12-14 octobre 1993), Madrid, EUNSA, 1996 ; Peter BERGLAR Opus Dei. Vie et oeuvre du fondateur Josémaria Escrivá de Balaguer, Madrid, Rialp, 1987 ; Jutta BURGGRAF - Fernando OCÁRIZ Abba, Vater. Als Kinder Gottes leben nach der Lehre des seligen Josemaría Escrivá, Köln, Adamas, 1999 ; Ernst BURKHART - Javier LÓPEZ Vie quotidienne et sainteté dans l'enseignement de saint Josémaria. Étude de théologie spirituelle, I-III, Madrid, Rialp, 2010-2013 Cornelio FABRO - Salvatore GAROFALO - Maria Adelaide RASCHINI Saints dans le monde. Études sur les écrits du Bienheureux Josémaria Escriva de Balaguer, Madrid, Rialp, 1993 ; José Luis ILLANES Devant Dieu et devant le monde. Notes pour une théologie du travail, Pampelune, EUNSA, 1997 ; Dominique LE TOURNEAU L’Opus Dei, Barcelone, ​​Oikos-Tau, 1996 corr. & augm. ; Fernando OCÁRIZ BRAÑA- Ignacio DE CELAYA URRUTIA Vivre en enfants de Dieu. Études sur le bienheureux Josémaria Escrivá, Pampelune, EUNSA, 1993 ; Martin RHONHEIMER Verwandlung der Welt. Zur Aktualität des Opus Dei, Köln, Adamas, 2006 ; Pedro RODRÍGUEZ Vocation, travail, contemplation, Pampelune, EUNSA, 1986 ; Pedro RODRÍGUEZ - Pío G. ALVES DE SOUSA - José Manuel ZUMAQUERO (dirs.) Mgr Josémaría Escrivá de Balaguer et l'Opus Dei. À l'occasion du 50e anniversaire de sa fondation, Pampelune, EUNSA, 1985 ; Pedro RODRÍGUEZ - Fernando OCÁRIZ - José Luis ILLANES L’Opus Dei dans l'église, Madrid, Rialp, 1993 ; Giuseppe ROMANO Opus Dei. Chi, come, perché, Cinisello Balsamo (Milano), San Paolo, 1994.

+ Javier ECHEVARRIA