Benoît XVI dans le mois : juin 2012

Parmi les thèmes abordés par le Pape lors de ses interventions orales en juin 2012, on trouve le baptême, la prière et la contemplation comme moteur de l'apostolat, la croissance du Royaume de Dieu, et une visite aux victimes du tremblement de terre en Italie.

Le baptême nous rend un avec Dieu et nous fait dire non à une culture de mensonge (paroles improvisées par le pape lors de l’inauguration d’un congrès diocésain au Latran, le 11 juin, source VIS)

« Etre baptisé signifie être uni à Dieu dans une vie nouvelle et unique... Une première conséquence est que Dieu n'est plus lointain ...et que nous sommes en lui et lui en nous. Cette priorité, ce caractère central de Dieu dans nos vies est la première conséquence du baptême... Une seconde conséquence est...que nous ne devenons pas chrétiens... Ma décision de l'être est certes nécessaire, mais il s'agit avant tout d'une action de Dieu en moi... Je suis choisi par Dieu et c'est en lui disant oui, je deviens un chrétien. Un troisième élément est que, "immergés en Dieu, nous sommes unis à nos frères, qui sont comme nous en Dieu. Nous sommes ainsi tirés de notre isolement. Immergé en Dieu, chacun de nous est en communion avec les autres ».

(…) Puis le Pape a abordé le second des trois renoncements, « le renoncement aux séductions du mal... Dans l'Eglise primitive et pendant des siècles on a utilisé la formule: Renoncez-vous aux pompes de Satan? ...qui à l'époque faisaient référence aux spectacles dans lesquels la cruauté était divertissement, dans lesquels tuer des hommes n'était que théâtre ». Plus généralement on « voulait parler d'un type de culture... Or, être baptisé signifie en substance se libérer de cette culture. Aujourd'hui aussi il existe une culture qui ne connaît pas la vérité même si elle prétend faire toute la vérité, et dans laquelle ne compte que le sensationnel, la calomnie et la destruction. Une culture qui ne recherche pas le bien et dont le moralisme n'est qu'un masque ne propose que confusion est destruction. Nous disons non à cette culture où le mensonge se drape dans la vérité de l'information, où seul le bien-être matériel s'oppose à Dieu et le nie... A la fin, renoncer à Satan signifie dire oui à Dieu et dire non au pouvoir du mal qui manipule le monde pour s'en faire le dieu ».

Passant enfin à la question du baptême des enfants, le Saint-Père a réaffirmé sa nécessité: « Il serait mieux de faire un parcours catéchistique préliminaire, pour un baptême pleinement réalisé. « Pouvons-nous imposer oui ou non une religion à un enfant ? » se demande-t-on souvent... Mais la vraie question est: « Est-il juste de donner la vie dans ce monde sans avoir exprimé son consentement? ». Faudrait-il garantir que la vie soit bonne pour la donner, s'est demandé Benoît XVI avant de dire que « seule l'anticipation de son sens justifierait la vie. Par conséquent le baptême est cette anticipation, cette garantie du bien de la vie, ce oui de Dieu protégeant la vie, et en justifie l'anticipation même ».

La prière et la contemplation, moteurs de l’apostolat de saint Paul (Audience Générale du 13 juin)

 « La rencontre quotidienne avec le Seigneur et la fréquentation des sacrements permettent d’ouvrir notre esprit et notre cœur à sa présence, à ses paroles, à son action. La prière n’est pas seulement le souffle de l’âme, mais, pour le dire de façon imagée, elle est aussi l’oasis de paix où nous pouvons puiser l’eau qui irrigue notre vie spirituelle et transforme notre existence. Et Dieu nous attire vers lui, nous fait escalader le mont de la sainteté, afin que nous soyons toujours plus proches de Lui, en nous offrant le long du chemin des lumières et des consolations. Telle est l’expérience personnelle à laquelle saint Paul fait référence dans le chapitre 12 de la Seconde Lettre aux Corinthiens, sur laquelle je souhaite m’arrêter aujourd’hui. Face à ceux qui contestaient la légitimité de son apostolat, il ne fait pas tant la liste des communautés qu’il a fondées, des kilomètres qu’il a parcourus ; il ne se limite pas à rappeler les difficultés et les oppositions qu’il a affrontées pour annoncer l’Évangile, mais il indique son rapport avec le Seigneur, un rapport si intense qu’il se caractérise aussi par des moments d’extase, de contemplation profonde (cf. 2 Co 12, 1) ; ainsi ne se vante-t-il pas de ce qu’il a fait, de sa force, de ses activités et de ses succès, mais il se vante de l’action qu’a faite Dieu en lui et à travers lui. Avec une grande pudeur, il raconte, en effet, le moment où il vécut l’expérience particulière d’être enlevé jusqu’au ciel de Dieu. Il rappelle que, quatorze ans avant l’envoi de sa Lettre, il « a été enlevé — ce sont ses mots — jusqu’au troisième ciel » (v. 2). Avec le langage et les manières de qui raconte ce qui ne peut pas être raconté, saint Paul parle même de cet événement à la troisième personne ; il affirme qu’un homme fut enlevé jusqu’au « jardin » de Dieu, au paradis. La contemplation est si profonde et si intense que l’Apôtre ne se rappelle même plus les contenus de la révélation reçue, mais il se rappelle bien la date et les circonstances où le Seigneur l’a emporté de manière si totale, l’a attiré à lui, comme il l’avait fait sur la route de Damas au moment de sa conversion (cf. Ph 3, 12). »

La croissance du Royaume de Dieu dépend d’abord de Dieu et de ceux qui s’en remettent à Lui (Angelus du 17 juin, commentaire de Mc 4, 26-34)

« Dans la première parabole, notre attention se porte sur le dynamisme de la semence: la graine jetée en terre germe et grandit seule, que le paysan dorme ou non... Ce qui soutient l'agriculteur dans son labeur quotidien est justement la confiance dans la force de la graine et dans la bonté de la terre. Cette parabole rappelle...le mystère de l’œuvre féconde de Dieu dans l'histoire. C'est lui, le Seigneur du Royaume; l'homme est son humble collaborateur qui contemple et profite de l'action créatrice divine et qui en attend avec patience les fruits... Le temps présent est temps de semence, et la croissance de la graine est assurée par le Seigneur. Chaque chrétien doit alors faire tout ce qu'il peut, mais il sait que le résultat final dépend de Dieu: cette conscience le soutient dans sa fatigue de tous les jours, spécialement dans les situations difficiles ». 

Pour la graine de moutarde le Saint-Père a dit que « bien que petite, celle-ci est pleine de vie; lorsqu'elle s'ouvre, il en sort un germe capable de traverser la terre...et de croître jusqu'à devenir la plus grande de toutes les plantes du potager ». Le Royaume de Dieu est ainsi: une réalité humainement petite composée de ceux...qui ne s'en remettent pas à leurs propres forces mais en celles de l'amour de Dieu; de ceux qui ne sont pas importants aux yeux du monde. Et cependant, à travers eux, c'est la force du Christ qui apparaît et qui transforme ce qui est apparemment insignifiant ».

Benoît XVI en Emilie-Romagne

Le 26 juin, Benoît XVI s'est rendu ce matin en Emilie-Romagne (Italie), pour une brève visite dans la zone la plus dévastée par le récent séisme.

« Dès les premiers jours du phénomène naturel qui vous a frappé, j'ai prié pour vous et ai été attentif à votre sort. Constatant l'aggravation de votre situation, mon désir s'est accru de venir parmi vous. Aujourd'hui je remercie le Seigneur. Désirant vous saluer tous affectueusement, j'évoque de tout coeur les communes et les personnes qui ont subi des dégâts matériels, et surtout les familles et les communautés pleurant leurs morts. Que le Seigneur les accueille dans sa paix...

J'ai su qu'en plus des difficultés matérielles, votre moral était mis à l'épreuve par l'enchaînement des secousses telluriques et la perte d'édifices symboles de la région, d'églises en particulier. Ici, dans l'église que je viens de voir, un prêtre a perdu la vie. En lui rendant hommage, je m'adresse au clergé tout entier qui, comme dans d'autres moments difficiles de l'histoire locale, démontre son amour et sa générosité... Les prêtres et les religieux, mais aussi nombre de laïcs, récitent quotidiennement le bréviaire, la liturgie des heures qui permet de prier avec les psaumes... Je signale ceci car j'ai relevé ces jours-ci en priant sur le psaume 46 la formule suivante : Dieu est pour nous refuge et forteresse, un secours infaillible dans nos angoisses.

Ne craignons donc rien si la terre tremble, si au fond de la mer les montagnes vacillent.

Combien de fois ai-je lu cette phrase ! Or c'est dans des circonstances comme celles-ci qu'elle prend un sens tout particulier et colle à une expérience vécue, partagée par toutes les personnes qui prient. Cette formule ne me frappe pas seulement parce qu'elle parle d'un séisme, mais plutôt parce qu'elle montre ce que doit être notre réaction face au bouleversement de la nature, une attitude de grande sécurité, fondée sur la roche stable qu'est Dieu. Nous ne craignons pas la terre qui tremble car Dieu est notre refuge et notre forteresse, une aide sans faille face à nos peines ».

« Ces paroles semblent s'opposer à la peur qu'on éprouve inévitablement face à une pareille expérience, et qui peut s'aggraver si le phénomène se prolonge. Mais le psaume 46 ne fait pas référence à cette peur, et la sécurité dont il parle ne regarde pas l'action de super hommes, étrangers aux sentiments des gens communs. Il s'agit de la sécurité de la foi. Face à la peur et à l'angoisse que Jésus a lui aussi connue, il y a la certitude de la présence de Dieu à nos côtés...

Son amour est solide comme la roche, et nous le retrouvons dans le Crucifié, qui symbolise en même temps la souffrance et l'amour. C'est la révélation de Dieu Amour, qui nous est solidaire jusqu'à l'extrême humiliation. Sur cette roche, avec cette espérance, on peut bâtir comme reconstruire. Sur les ruines de la guerre, qui n'étaient pas que matérielles, l'Italie s'est reconstruite.

Certes grâce à des aides extérieures, mais avant tout grâce à une véritable solidarité populaire et à la volonté des gens d'offrir un avenir de paix et de liberté aux familles. Vos concitoyens vous estiment pour votre jovialité et votre sens du travail, toutes qualités mises aujourd'hui à l'épreuve. Alors ne cédez en rien. Restez fidèles à votre tradition de fraternité et de solidarité, afin d'affronter l'épreuve avec autant de patience que de détermination, en repoussant les tentations qui accompagnent tout affaiblissement. La situation a révélé un aspect que je tiens à souligner. Vous n'êtes et ne serez pas seuls, abandonnés au milieu des destructions et des peines. Nombreux sont ceux qui, outre leur solidarité et leur affection, viennent à votre secours concrètement. Et ma présence veut être un de ces signes d'amour et d'espérance. J'ai été ému de voir votre territoire profondément blessé, mais rassuré de voir aussi tant de mains prêtes à vous aider. La vie repart avec courage et détermination, comme un signe lumineux. Et enfin, je tiens à lancer un appel aux institutions publiques et aux citoyens italiens afin que, malgré le délicat moment, ils soient de bons samaritains... Pour sa part, l'Eglise est à vos côtés, dans la prière et par l'aide concrète de ses organismes telle la Caritas, engagée aussi dans la reconstitution du tissu paroissial ».