Qui est Thierry Sol, futur prêtre de l'Opus Dei ?

Thierry Sol, français âgé de 40 ans sera ordonné prêtre de la prélature de l’Opus Dei et de la Sainte Croix le samedi 14 mai à Rome en même temps que 34 autres hommes issus de tous les continents. Il témoigne de son parcours.

Votre vocation s’inscrit elle dans un parcours linéaire de catholique pratiquant ?

Non car, pendant très longtemps, je n’ai pas été ce que l’on appelle un catholique pratiquant. Je n’ai pas non plus fréquenté des établissements d’enseignement catholique, et pas davantage les aumôneries. Cependant, j’ai pu bénéficier d’exemples très précieux qui, avec le temps, m’apparaissent comme autant de modèles. Tout d’abord celui d’une famille unie, et d’une éducation à la liberté et à la responsabilité. Je mes souviens aussi avec gratitude des différents professeurs que j’ai pu avoir, depuis l’école primaire, à Caussade (Tarn et Garonne), au lycée André Malraux à Biarritz : j’y garde en particulier le souvenir des classes de physique, où le professeur sut nous transmettre sa passion pour sa matière, mais aussi quelques règles pédagogiques précieuses : connaître ne consiste pas à avoir une bonne mémoire, mais à comprendre les choses. J’ai retrouvé les mêmes exemples d’honnêteté intellectuelle, d’effort pour travailler sérieusement, plus tard, au lycée Louis le Grand à Paris. Toutes ces années ont été pour moi un temps d’apprentissage, dans un contexte qui n’était pas proprement chrétien, mais dans lequel m’ont été transmis pas mal de principes, qui me sont aujourd’hui encore utiles dans mon travail.

Jusqu’à cette époque, Dieu était resté pour moi une « hypothèse inutile » et je ne percevais pas vraiment en quoi le fait d’être catholique pouvait m’aider à devenir meilleur, en comparaison d’autres modèles ou de philosophies. Néanmoins, avec l’aide de quelques amis, j’ai appris à voir qu’il n’en était pas tout à fait ainsi, que quelque chose manque dans notre vie, lorsque Dieu n’y figure pas, que bien des questions restent sans réponse satisfaisante et, qu’en réalité il manque tout sans lui. J’ai commencé à lire le catéchisme, quelques encycliques. J’ai aussi commencé à fréquenter les sacrements, à assister à la Messe du cardinal Lustiger, à Notre Dame. Et peu à peu, même si tout restait en apparence inchangé (mes études, les examens etc.), ma vie a changé, au point de pouvoir dire que j’étais vraiment heureux. Et la joie fait partie des sentiments que l’on ne peut garder pour soi.

Comment concevez-vous la mission du prêtre ?

La mission du prêtre, je la conçois dans le droit fil de cette action : communiquer aux autres cette « inquiétude » de Dieu, susciter au moins chez eux cette recherche (c’est aussi la mission de tout baptisé). Le prêtre, en particulier par les sacrements, peut faire entrer Dieu dans notre vie, et ainsi la changer. Et l’on peut être vraiment heureux, en dépit des contradictions ou des souffrances, parce qu’on voit que tout cela peut avoir un sens. Ce sens, on ne le trouve pas dans une philosophie, mais dans la vie du Christ.

De tout cela j’ai fait l’expérience en Bretagne, à Rennes où j’ai passé 8 ans avant de venir à Rome. J’y ai connu beaucoup de familles, en général d’autant plus heureuses qu’elles étaient nombreuses et unies. J’y ai aussi fait l’expérience, mais sans doute n’est-ce pas propre aux Bretons, de personnes sincères, directes, fidèles en amitié. Le message du Christ attire, même, et sans doute davantage, au cœur d’une société sécularisée. Je n’ai jamais entendu parler d’une personne qui, ayant exclu Dieu de sa vie s’en soit sentie plus heureuse ou plus libre et il en va de même pour la société : le prêtre y a sa place, bien particulière : parler de Dieu, le communiquer.

Comment avez-vous connu l’Opus Dei ?

J’ai entendu parler pour la première fois de l’Opus Dei en 1992, à l’occasion de la béatification de son fondateur.

Quelque temps plus tard, grâce à un ami, j’ai pu participer à une activité de formation proposée par l’Opus Dei. J’ai été frappé, par le fait aussi que ce que l’on y proposait ne supposait pas de transformer ma vie, mais simplement de vivre la foi chrétienne de façon cohérente, là où j’étais, en continuant à faire ce que je faisais. Les écrits de saint Josémaria, Amis de Dieu en particulier, m’ont ouvert des horizons nouveaux : sanctifier son travail quotidien, faire de l’apostolat de façon naturelle avec les personnes qui vous sont proches ou travaillent à vos côtés, en grandissant en esprit de service, en pensant un peu moins à vous et davantage à eux. Peu à peu s’est ainsi dessinée ma vocation et j’ai vu que cette voie pouvait être la mienne. J’ai ainsi demandé à faire partie de la prélature en 1995.