Mon aventure en Côte d'Ivoire

Martin Frigola, jeune entrepreneur catalan, est parti en Côte d'Ivoire pour participer au développement des activités apostoliques de l'Opus Dei dans ce pays. Il raconte ici quelques-unes des initiatives prises pour aider la société ivoirienne.

(l'intégralité du témoignage est accessible en fin de page)

Un changement inattendu

Je suis de Palau-Sator, un village proche de Gérone, en Espagne. Ce village qui n’a que deux cents habitants à peine, garde son air féodal, avec ses remparts et l’imposante tour de l’ancien château médiéval qui trône sur les toitures

 

En 1987, à la fin de mes études, j’ai commencé à travailler dans une entreprise de projets agricoles. Rien de particulier jusqu’ici. C’est le curriculum vitæ habituel de beaucoup de personnes de ma génération. Mais la nouveauté vient de ce que les directeurs de l’Opus Dei m’ont proposé d’aller exercer mon métier en Côte d’Ivoire, pour aider le travail apostolique qui venait de démarrer.

Un pays jeune dans la foi

La Côte d’Ivoire est un pays jeune à différents égards, pour ce qui est de la foi chrétienne aussi : il n’y a que douze pour cent de catholiques. Et si l’aventure humaine et professionnelle est hautement passionnante, elle l’est d’autant plus au niveau spirituel. La Côte d’Ivoire a fêté récemment son premier siècle de christianisme et elle est en plein boom apostolique.

Lorsque je suis arrivé, il y a presque vingt ans, on trouvait difficilement une messe en semaine à Abidjan, la capitale. Aujourd’hui, il y a des messes tous les jours, dans toutes les paroisses et elles sont bondées de fidèles, avec de nombreux jeunes. Les conversions se multiplient et, de ce fait, le travail de formation à la foi se multiplie lui aussi.

La famille

La famille est le grand terrain où s'exerce cette formation. En effet, il y a peu de familles chrétiennes et ce point de référence manque aux jeunes ménages chrétiens de la Côte d’Ivoire. Bien que les lois interdisent formellement la polygamie, de nombreux Ivoiriens sont nés, et continuent de naître, dans des familles aux rapports polygamiques à caractère matriarcal, où l’autorité de l’oncle maternel est, très souvent, bien plus importante que celle du père. Ce qui explique que, fréquemment, les parents ne se sentent pas responsables de l’éducation de leurs enfants.

Par le passé, c’était le clan qui devait s’occuper de les élever, dans un sens très large. Or, actuellement, avec la disparition progressive des clans, les parents chrétiens ont besoin d’exemples à imiter, des exemples de pères et de mères qui s’occupent de leurs enfants en veillant à leur éducation humaine, professionnelle, chrétienne et morale…

Tout cela m’a poussé, avec plusieurs amis africains, à créer des séances d’orientation familiale qui ont un succès fou.

Les écoles

Mais il y a encore d’autres nécessités. On a besoin d’écoles. Jusqu’en 1990, le pays avait des installations scolaires suffisantes, mais avec la crise économique, la construction d’immeubles à des fins éducatives s’est arrêtée et, à cause du conflit armé de 2002, beaucoup d’écoles ont été détruites, alors qu’on a connu un grand mouvement de population vers le Sud.

Les carences dans ce domaine sont énormes et le besoin de mettre en route de nouveaux projets d’éducation est aussi urgent qu’évident.

J’ai collaboré avec plusieurs familles au « petit grain » de sable dans ce domaine : une école maternelle a ouvert ses portes le 13 novembre 2006 et on voudrait qu’elle soit le germe d’une série d’écoles dans le pays, pour que les familles trouvent une aide puissante dans l’éducation de leurs enfants.

Pour ce faire, nous avons l’aide et l’encouragement spirituel de l’Opus Dei. 

En ce moment, je suis en Espagne, où je suis venu m’informer sur la procédure de mise en route de ce type d’entreprises éducatives. C’est en octobre 2007 que le premier collège ouvrira ses portes.

Pour la formation de cadres dirigeants

Les besoins de formation du pays touchent plusieurs secteurs. Un domaine fondamental est celui de la formation des cadres et des entrepreneurs qui devraient être les moteurs de l’économie de la Côte d’Ivoire.

C’est, à mon avis, un point vital du développement d’une société comme la nôtre qui a tant de carences et où sévissent, depuis tant d’années, les conflits armés. De ce fait, un groupe d’entrepreneurs et de cadres de différentes entreprises a été constitué pour rendre ce service à la société avec le souci de mettre en route une institution de formation continue de chefs d’entreprise, à but non lucratif.

Sous le conseil d’institutions espagnoles comme l’IESE, nous avons déjà organisé plusieurs séminaires, avec un grand succès. Le séminaire d’Éthique des Affaires a déjà formé 250 cadres dirigeants.

Ce type de formation à l’entreprise est très important, parce que la corruption et l’escroquerie —que j’ai vécues dans ma propre chair—, sont de grands obstacles au développement d’un pays, quel qu’il soit.

Toute l'histoire de Martin Frigola accessible en cliquant sur ce lien.