Prier pour les défunts

Comment et pourquoi prier pour les défunts

La mort, un commencement

Chaque époque de l’année a sa tonalité, et l'Église, à travers le cycle liturgique, joue tour à tour sur le registre d’un événement (Noël, Pâques…) ou d’une dominante saisonnière : mois des fleurs et des fruits (mai et octobre) consacrés à Notre Dame ; novembre, dédié à nos défunts.

Paradoxalement, alors que l'automne annonce une certaine mort de la nature, l'Église débute le mois des défunts par une note d'espérance : tous les hommes sont appelés à vivre et se réjouir éternellement auprès de Dieu.

Les "autres", la mort les arrête et les paralyse. — Nous, la mort — la Vie — nous stimule et nous encourage. Pour eux, c'est la fin; pour nous, le commencement. (Chemin, 738)

L'Église, une Mère

Traditionnellement, on représente saint Pierre, tenant en mains les clés du ciel. Mais le ciel n’a pas de porte. Et tous ceux qui l’ont voulu pourront y entrer car Dieu est Amour : toujours, Il a les bras ouverts pour nous faire partager son bonheur. D’ailleurs, n’est-ce pas ainsi que le Christ demeure dans notre temps : les bras ouverts sur la Croix, dans une attitude que la mort a rendu définitive ?

Celui qui vient à moi, je ne le jetterai pas dehors (Jn 6, 37). L'Église est une bonne mère. Elle cherche à faciliter notre accès à la Vie éternelle. Comme un avocat devant le Tribunal, elle plaide notre dossier et fait aussi « vibrer la corde sensible » : Elle en appelle à la miséricorde de Dieu en élevant des suffrages pour ses enfants défunts.

L’usage de prier pour les âmes de ceux-ci a été formalisé aux XVe-XVIe siècles par le Magistère de l'Église qui le met en rapport avec l’existence de peines purificatrices dans l’au-delà : le purgatoire. Mais c’est une coutume qui remonte avant même l’Incarnation : elle était déjà en vigueur chez les Juifs, comme l’exprime le geste de Judas Maccabée qui, après une bataille, envoie 2000 drachmes d’argent à Jérusalem pour qu’y soit offert un sacrifice expiatoire pour les péchés de ses soldats morts au combat (IIe siècle av. JC).

La communion des saints

A l’orée de ce mois de novembre, chacun pense aux êtres qui lui sont chers et ne sont plus de ce monde. Et l'Église, qui a la charge d’éduquer notre cœur en profondeur, l’ouvre à la prière pour tous les défunts.

Ainsi, Elle nous aide à réaliser qu’autour de nous, un peuple silencieux nous demande, comme on peut le lire sur la tombe de premiers chrétiens : « Priez pour moi, pécheur ».

Dans cette perspective, la liturgie leur consacre un jour spécifique, « le jour des morts », et elle invite aussi les fidèles à offrir des suffrages et, particulièrement, celui de la sainte messe : il n’y a pas, en effet, de moyen de salut plus puissant car, chaque fois, Jésus y renouvelle sa prière sacrifiée du Golgotha.

Une coutume d’une grande richesse

Le cimetiere de saint Barthelemy, aux Antilles.

Par ailleurs, l’Eglise nous encourage, en ce mois des défunts, à visiter leur tombe. C’est un lieu de mémoire, mais aussi d’échange. Notre union à ceux qui se sont endormis dans la paix du Christ, loin d’être interrompue par leur mort, se fortifie par la communication de biens spirituels (cf. Const. Lumen Gentium 50) : ceux que nous leur apportons par nos prières ; ceux qu’ils nous apportent par leur proximité de Dieu. Et notamment : la capacité d’affronter la mort avec sérénité, la détermination de parvenir au ciel : Il nous faut rechercher avec le plus grand soin l’aide et la prière des saints (les bienheureux et les âmes bénies du purgatoire)afin que leur intercession nous obtienne ce qui demeure hors de nos propres possibilités (saint Bernard).