Le collège Hautefeuille, vingt années d'aventures

Depuis plus de vingt ans, Pierre est directeur du Collège privé Hautefeuille, à Courbevoie. Membre de l’Opus Dei, il nous explique pourquoi il a voulu s’investir dans une entreprise passionnante, mais dont les débuts ont été difficiles : un énorme pari.

Pierre, vous êtes un des fondateurs de ce collège. Pouvez-vous nous en expliquer la genèse ?

Début 1985, quelques parents qui y pensaient depuis un certain temps ont décidé de passer à l’acte : le collège ouvrirait en septembre. Ils m’ont demandé si je pourrais en être le directeur. Après trois ans en Alsace dans le public, je venais de prendre un poste dans un grand lycée privé de Versailles. J’ai néanmoins choisi de m’engager dans l’aventure. La rentrée s’est faite avec sept élèves de Sixième, quelques amis comme professeurs et des locaux provisoires. Un an et demi plus tard, nous avions une installation à nous dans le 7e arrondissement et plus d’une trentaine d’élèves. En 1989 il a fallu déplacer le collège dans le 17e. En 2002 Hautefeuille a pu enfin s’agrandir en s’installant à Courbevoie dans un environnement très favorable.

Vous avez maintenant plus de 200 élèves, des bâtiments très fonctionnels, l’ambiance semble excellente. On a l’impression que tout s’est toujours passé facilement.

Soirée de fin d'année pour les 4èmes 3èmes

Depuis quatre ans nous recueillons les fruits des quelque quinze années précédentes. Les inscriptions sont nombreuses, la notoriété se confirme, le contrat d’association obtenu dès 1996 aide nos finances, le niveau scolaire est vraiment bon. Il y a eu des années difficiles, surtout une longue période en quête de nouveaux locaux, mais la Providence veillait ! Par Hautefeuille sont passés des centaines d’élèves qui y ont reçu une solide formation intellectuelle et spirituelle, sans se rendre compte de tout le travail assumé par les promoteurs du collège.

A voir la cour de récréation, on est frappé par deux choses : l’uniforme, et la présence unique de garçons. Pourquoi ces choix ?

Le plus intéressant c’est la non-mixité, tellement naturelle à cet âge et favorable aux garçons qui n’ont pas la même maturité ni les mêmes centres d’intérêt que les filles. Le collège peut vraiment se centrer sur les élèves, leur offrir un cadre dans lequel ils se sentent à l’aise pour travailler, en écartant des sources de dispersion. Quant à l’uniforme, il simplifie la vie : les élèves ne se posent pas de question sur leur apparence, ils peuvent se centrer sur l’essentiel, les qualités personnelles des autres, qui ne tient pas à l’état de leurs finances.

Le programme prévoit des cours de religion, et en même temps vous accueillez des élèves de diverses confessions. Comment cela se passe-t-il ?

Les élèves, en très grande majorité catholiques, apprécient cet enseignement qui leur apprend à rendre compte de leur foi. Les élèves non catholiques y assistent aussi le plus souvent : ils entendent ainsi parler de la foi chrétienne et acquièrent une culture religieuse, si nécessaire pour comprendre tant de choses de notre pays et du monde. Nous voyons avec leurs parents à quoi ils peuvent assister sans porter préjudice à leur formation religieuse, s’ils en reçoivent une par ailleurs.

Quels sont les liens du collège avec l’Opus Dei ?

Au cours de la retraite de profession de foi pour les 5èmes, à Chartres

La Prélature nomme le ou les aumôniers et s’assure de la qualité de la formation chrétienne dispensée aussi par des professeurs. C’est là le lien statutaire avec l’Opus Dei. Mais l’esprit de l’Opus Dei informe la vie du collège grâce aux parents et aux professeurs qui en font partie. L’accent est mis sur le sens chrétien du travail, sur l’importance des vertus humaines comme base des vertus surnaturelles, sur la piété personnelle, notamment eucharistique : au cœur du collège se trouve une belle chapelle réalisée avec le concours de nombreux et généreux donateurs. Les élèves peuvent aussi s’ouvrir aux aumôniers, qui consacrent beaucoup de temps à recevoir tous ceux qui le souhaitent.

Est-ce que l’esprit de l’Opus Dei se manifeste dans votre travail ? Qu’en est-il pour les enseignants qui ne sont pas de l’Opus Dei ?

Outre ce que je viens de dire, j’ajouterai que l’esprit de l’Opus Dei pousse à travailler aussi bien que possible, à voir ce travail comme un service où l’on cherche à s’intéresser à chacun en tant que personne, qui doit certes acquérir des connaissances et des compétences, mais aussi, et même avant tout, se former un caractère et grandir dans la foi. Le temps consacré aux entretiens individuels (professeurs-élèves) dans le cadre du préceptorat en est un des signes les plus visibles. Les enseignants qui ne sont pas de l’Opus Dei apportent leur compétence et leur disponibilité, et c’est là un point essentiel.

Comment voyez-vous l’avenir du Collège ?

A court terme, c’est de conforter l’assise financière du collège pour entreprendre, dès que possible, une nouvelle phase de son développement. Nous étudions l’ouverture d’un lycée, ce qui serait le prolongement le plus naturel de ce que nous faisons. Et nous cherchons qui peut nous aider dans cette nouvelle aventure !